lundi 3 mai 2010

Cerro Rico et les mines sous-terraines de Potosi


Après le film d'hier soir sur le Cerro Rico, j'ai testé cet après-midi en réel les conditions de travail des mineurs. Ce fut une expérience impactante. Avec un groupe de 5 touristes, nous sommes descendus à trois niveaux sous terre pendant environ 2 heures. Ce fut un défi physique ! Les galeries sont très basses, il faut souvent marcher à 4 pattes dans une chaleur de plus en plus étouffante au fur et à mesure que l'on descend. On a l'impression de se rendre en enfer. La poussière est tellement concentrée dans l'air qu'au bout de deux heures passées dans les galeries, on attrape une bonne quinte de toux !

Mais ce que nous avons vécu ne fut qu'un bref instant dans la vie d'un mineur. Ces journées de travail vont de 8 à 24 heures ! La poussière le tue à petit feu, et il n'existe aucun chiffre officiel du nombre de victime de la silicose, la maladie de la poussière. Ce que j'ai pris pour un défi physique est effectué plusieurs fois dans la journée par ce travailleur résigné, parfois avec un sac de 50 kilos sur le dos. En moyenne, son espérance de vie se dépasse pas les 50 ans. Il renonce donc à cotiser pour sa retraite et sacrifie sa vie pour la survie de sa famille.

Sous la terre, les mineurs vouent un culte inconditionnel à une sorte de démon représenté par une statue de terre se faisant appeler "Tio". Chaque mineur doit le respecter et lui apporter régulièrement des offrandes (alcool à 90° potable, feuilles de coca, cigarettes ...) . Car si "Tio" est mécontent, il moissonne des vies et des âmes. Dans la mine, Tio partage son règne avec la déesse "Pacha Mama" (Terre Mère). Ici bas, Dieu n'existe pas.

Ce "Tio" a en fait été créé de toutes pièces par les espagnols pour forcer les indiens à aller se tuer pour l'extraction de minerai. Quiconque se refusait à trimer pour la couronne hibérique s'exposait à la colère du "Tio".

On dit que la montagne Cerro Rico a englouti 8 millions de vies indigènes. Certains l'appellent "la montagne qui mangent les hommes vivants". Officiellement, on décompte 39 morts sur les 7000 mineurs actuellement en activité, pour l'année précédente. La principale cause de décès étant les éboulements et les gaz toxiques. Ce chiffre n'inclue pas les morts par silicose, le véritable fléau.

Au rayons des divertissements, nous avons fait exploser de l'authentique dynamique, en vente (complètement) libre au marché du coin. En effet, le mineur doit lui même acheter son matériel. Il travaille pour lui mais doit reverser 25 % de ce qu'il gagne à la coopérative qui régit l'ensemble des mines de la colline. Autant dire que son gagne-pain est bien maigre.

Changement de sujet : il y a certaines choses dans cette ville qui ont attiré mon attention. Tout d'abord, pourquoi y'a-t-il autant de cabinet d'avocat dans le centre ? Et pourquoi autant de magasins proposant de faire des photocopies et de vendre des téléphones portables ? Ces trois enseignes doivent composer aux alentours de 80 % de l'offre commerciale de Potosi ... bien étrange. Aussi, j'ai bien rigolé en matant les décorations des bus officiels de la ville, c'est une surenchère de mauvais goût et de kitsch ! Qui laisse cependant place à une certaine créativité ...

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